• Comme un spectre qui rôde en France depuis plus d'un siècle. Ils ont été les briseurs de grèves, ils ont été parfois résistants, parfois collabos, il ont été chiens de garde, et récemment, à ce qu'on dit, héros de la nation, applaudis par des milliers de manifestants dans les rues de la capitale. Une haie d'honneur ; ou plutôt un cortège funèbre.

    Car voilà, quoi qu'il en soit du policier de notre pays, bien trop souvent, il a été un assassin. Peut-être n'en finira-t-on jamais de le clamer, haut et fort : la police assassine, et elle le fait impunément, et dans un trop grand silence. Car pourquoi tolère-t-on aujourd'hui les bavures policières ? Pourquoi les militants anti-autoritaires sont-ils tant stigmatisés ? 

    Le bon sens commun nous le répète : ils ne sont pas tous pareils. Admettons-le, peut-être. Certains, certainement, se sentent investis de la sage mission de sauver les citoyens. Face à ce cynisme, le militant dénonce la bavure policière : ce cas tristement ordinaire de violence, de la plus discrète à la plus meurtrière, qui dévoile le crime d'un policier. Bien que me sentant du côté ce militant, je me dis que peut-être, nous ne nous faisons pas correctement comprendre. Ce qu'il s'agit de dire, c'est qu'un corps de soldats de l’État, armé et disposant d'un tel pouvoir, se doit d'être irréprochable. C'est pour cela qu'aux yeux de tous, les bavures policières doivent être dévoilées, et traitées comme ce qu'elles sont : non seulement des crimes contre les victimes, mais des violations des devoirs qui sont ceux de ce corps ; plus encore, ces bavures violent la liberté même, et la dignité de tout individu.

    Thomas Hobbes voyait en l’État le moyen de maintenir la sécurité entre les individus. L'aliénation de sa liberté au profit du Léviathan trouve cette sécurité en retour ; c'est ce que nous, anarchistes, aimons appeler les régimes sécuritaires, et nous nous définissons dans la lutte contre ces régimes. Seulement, à quoi devons-nous faire face aujourd'hui ? Cette police, meurtrière de Zyed et Bouna, a-t-elle tué dans l'intérêt d'une classe, d'un groupe particulier, le fait-elle en prétendant défendre l'intérêt général, le bien commun ?

    Les bavures se multiplient, et ne semblent pas servir les classes, l’État. Ces bavures, peut-être, sont plus graves encore : elles sont des actes individuels, délibérés. Ces  bavures mettent en cause des individus singuliers qui agissent en abandonnant volontairement toute morale et toute rationalité. Elles sont des crimes conscients ; et ces crimes sont légitimés par la justice française.

    La classe servie est celle de la police elle-même, en premier lieu, groupe armé intouchable, qui harcèle ceux qu'elle devrait protéger, qui détruit ce qu'elle devrait préserver. L’État ne vise plus la sécurité et la préservation de la propriété, du moins pas exclusivement : par la relaxation des responsables de la mort de Zyed et Bouna, la justice Française rompt le pacte d'un peuple avec son gouvernement et autorise la violence si elle est en uniforme.

    Alors un hommage, à ces jeunes, plus jeunes que moi à l'heure où j'écris, ces jeunes français qui, par la décision prise aujourd'hui par la justice, sont considérés comme les seuls responsables de leur mort. Et bien sûr, mes pensées les plus mauvaises, mes mots les plus violents au Front National, qui malgré ces saintes intentions publiques, ne cesse de montrer son visage dégueulasse, en toute occasion.

    Pourquoi Coluche, pourquoi cette phrase ? Parce que je pense que le bon vieux clown s'est trompé : c'est bien quand on voit un flic dans la rue qu'il y a danger. La police est le danger même, et nous continuerons à le dire : le pouvoir que tout policier a sur un individu libre en fait un meurtrier en puissance.

    Ni oubli, ni pardon.

     

    Q. du groupe Botul de la Fédération, qui parle en son nom et qui cherche juste un sens dans un ramassis de merde.

     

     


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  • Le jeudi 12 février les AVS de la région Ile de France se mettent en grève:

     

    - 13h30:RDV au métro Sèvres – Babylone (lignes 10 et 12)

    - 17h30, assemblée générale ouverte à tous les AVS AESH, grévistes et non-grévistes,
    pour poursuivre la mobilisation à la Bourse du travail, 3 rue du château d’eau, salle Eugène Varlin (métro république)


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  • Ayé le nouvel hors série est arrivé: http://blogs.mediapart.fr/blog/le-monde-libertaire

    Courez y le lire!! Et rien de tel comme mise en bouche qu'un article de ce numéro écrit par un membre du groupe Botul:

     


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