• Dimanche 18 Janvier à la CNT


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  • Je ne doute pas qu’il existe des « Charlie » sympathiques et plein(e)s de bonnes intentions. Je suis inondé, comme tout le monde, de leurs courriels indignés. Je n’en suis pas.
    Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.
    Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de me « rassembler », sur l’injonction du locataire de l’Élysée, avec des politicards, des flics et des militants d’extrême droite. Je ne parle pas en l’air : une connaissance m’explique que sur son lieu de travail, ce sont des militants cathos homophobes de la dite « Manif pour tous » qui s’impliquent dans l’organisation d’une minute de silence pour l’équipe de Charlie Hebdo.
    Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de pleurer sur les cadavres de Charlie Hebdo avec un François Hollande qui vient d’annoncer que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera construit, autrement dit qu’il y aura d’autres blessé(e)s graves par balles en caoutchouc, et sans doute d’autres Rémi Fraisse.
    Je ne suis pas Charlie, parce que je suis viscéralement — et culturellement — hostile à toute espèce d’ « Union sacrée ». Même les plus sots des journalistes du Monde ont compris qu’il s’agit bien de cela ; ils se demandent simplement combien de temps cette « union » peut durer. Se « rassembler » derrière François Hollande contre la « barbarie islamiste » n’est pas moins stupide que de faire l’union sacrée contre la « barbarie allemande » en 1914. Quelques anarchistes s’y sont laissés prendre à l’époque ; ça va bien comme ça, on a donné !
    Je ne suis pas Charlie, parce que le « rassemblement » est l’appellation néo-libérale de la collaboration de classes. Certain(e)s d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il n’existe plus de classes et moins encore de lutte entre elles. Si vous êtes patron ou chef de quelque chose (bureau, atelier…), il est normal que vous prétendiez ça (et encore ! il y a des exceptions) ou que vous puissiez le croire. Si vous êtes ouvrier, ouvrière, contraint(e) à des tâches d’exécution ou chômeur/chômeuse, je vous conseille de vous renseigner.
    Je ne suis pas Charlie, parce que si je partage la peine des proches des personnes assassinées, je ne me reconnais en aucune façon dans ce qu’était devenu, et depuis quelques dizaines d’années, le journal Charlie Hebdo. Après avoir commencé comme brûlot anarchisant, ce journal s’était retourné — notamment sous la direction de Philippe Val — contre son public des débuts. Il demeurait anticlérical. Est-ce que ça compte ? Oui. Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. J’apprends que Houellebecq et Bernard Maris s’étaient pris d’une grande amitié, et que le premier a « suspendu » la promotion de son livre Soumission (ça ne lui coûtera rien) en hommage au second. Cela prouve que même dans les pires situations, il reste des occasions de rigoler.
    Je ne suis pas Charlie, parce que je suis un militant révolutionnaire qui essaie de se tenir au courant de la marche du monde capitaliste dans lequel il vit. De ce fait, je n’ignore pas que le pays dont je suis ressortissant est en guerre, certes sur des « théâtres d’opération » lointains et changeants. De la pire manière qui soit, puisque partout dans le monde et jusque dans mon quartier, des ennemis de la France peuvent me considérer comme leur ennemi. Ce qui est parfois exact, et parfois non. Au moins, sachant que la France est en guerre, je n’éprouve pas le même étonnement que beaucoup de Charlie à apprendre qu’un acte de guerre a été commis en plein Paris contre des humoristes irrespectueux envers les religions.
    Je ne suis pas Charlie, parce que faute de précisions, et du fait même de l’anonymisation que produit la formule « Je suis Charlie », cette formule s’entend nécessairement, et au-delà des positions sans doute différentes de tel ou telle, comme un unanimisme « antiterroriste ». Autrement dit : comme un plébiscite de l’appareil législatif dit « antiterroriste », instrument de ce que j’ai appelé terrorisation démocratique.
    Je ne suis pas Charlie. Je suis Claude. Révolutionnaire anarchiste, anticapitaliste, partisan du projet communiste libertaire, ennemi mortel de tous les monothéismes — mais je sacrifie à Aphrodite ! — et de tout État. Cela suffit à faire de moi une cible pour les fanatiques religieux et pour les flics (j’ai payé pour le savoir).
    Je suis disposé à débattre avec celles et ceux pour qui la tuerie de Charlie Hebdo est une des horreurs de ce monde, auxquelles il est inutile d’ajouter encore de la confusion, à forme d’émotion grégaire.

    Claude Guillon


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  • C’est avec horreur que nous avons appris la fusillade perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier. Radio Libertaire tient à assurer son soutien aux familles des victimes ainsi qu’à toutes les personnes touchées par cet attentat.

    Cependant nous ne saurions considérer cet acte uniquement sous l’angle de l’émotion ou du sentimentalisme tant il constitue une menace à l’encontre de nos principes, c’est pourquoi Radio Libertaire reviendra sur ce terrible évènement en l’abordant par différents thèmes transversaux.

    Programmation Radio Libertaire
    ----- Jeudi 8 Janvier -----

    - Chronique Hebdo
    10-12h
    L’émission Chronique Hebdo reviendra sur le crime perpétré contre l’ensemble de la rédaction de Charlie Hebdo, un hebdomadaire satirique a été assassiné par des fanatiques abrutis soumis à la connerie.

    ----- Vendredi 9 Janvier -----
    - Au delà du RL
    19h-21h
    Rediffusion d’une émission spéciale censure effectuée en Octobre 2011.

     ----- Samedi 10 Janvier -----
    - La philanthropie de l’ouvrier Charpentier
    10h-11h30
    La laïcité d’hier et d’aujourd’hui avec Bernard Tepper
    - Nuit off
    23h-nuit
    Mixage sonore avec les voix des membres du journal Charlie Hebdo

    ----- Lundi 12 janvier -----
    - Lundi Matin
    11h-13h
    Emission consacrée à Charlie Hebdo.

    - Trous noirs
    16h-18h
    Rediffusion une interview de Normand Baillargeon, compagnon anarchiste du Québec, qui pourfend la foi religieuse avec humour et conviction, dans des émissions de radio et dans ses livres "Heureux sans dieux" et "Là-haut il n’y a rien". Il est assisté par Philippe, un athée de chez nous.
    ----- Mardi 13 Janvier ----
    - Et toi tu la sens la 5e puissance ?`
    8h-10h
    Un des angles sera sur la notion de la liberté de la presse quand on sait à qui elle appartient, et quel discours dominant elle tient en général, et l’énormité de l’instrumentalisation de cette horreur pour faire corps avec la patrie.
    - Paroles d’association
    19h30-20h30
    L’émission recevra René Burget, membre de l’Union Pacifiste
    - Les RDVs soniques
    00h30 - nuit
    Les rdvs soniques rendront un hommage à Charlie Hebdo en introduction et de façon régulière pendant son déroulement. Elle continuera d’aborder, avec humour et esprit libertaire, le paysage underground français, tout en dédiant cette soirée aux victimes de l’attentat du 7 janvier

    ----- Mercredi 14 Janvier -----
    - Femmes Libres
    18h30-20h30
    L’émission recevra Chantal Montellier scénariste et dessinatrice de bandes dessinées, dessinatrice de presse, romancière et peintre française, pour la remise du prix Artemisia,  nous évoquerons avec elle le dessin humoristique et satirique
     - Traffic
    22h30-00h
    L’émission Traffic
    abordera la liberté d’expression avec Sayouba TRAORE, journaliste et écrivain Burkinabé et Yaya BELHASKRI, écrivain et journaliste d’origine algérienne 
    ----- Jeudi 15 Janvier -----
    - Si vis Pacem
    18h-19h30
    L’émission consacrée au pacifisme rendra hommage à des amis disparus. « Car nous voilà repartis comme en 14 à voir marcher les foules dans la merde des guerres. »

    - Emission spéciale
    19h30-21h
    Laurent Bihl viendra nous parler de l’Histoire de la caricature et du dessin satirique.


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  • Fusillade à Charlie hebdo
    La Fédération anarchiste apprend avec horreur la tuerie perpétrée dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, qui a laissé 12 morts et 11 blessés.
    Nous partageons l’émoi, l’indignation, et la peine des familles, des amis, des collègues après ce crime odieux. Parmi les victimes, certains ont contribué un temps au Monde libertaire, et si nos positions ont pu diverger par la suite, ils resteront au souvenir de nombreux camarades.
    Cet attentat doit nous rappeler que l’obscurantisme religieux comme politique est meurtrier.
    Nous condamnons les assassins, mais nous restons également vigilants face aux réactions de l’extrême droite ou au dispositif policier de l’Etat.
    Nous continuerons à combattre l’oppression, l’autoritarisme et l’intolérance, qu’ils se cachent derrière la religion, la nation ou l’ordre sécuritaire.


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  • Siné :http://www.sinemensuel.com/zone-de-sine/le-7-janvier-2015/
    Jiho :http://www.sinemensuel.com/dessins/je-suis-charlie-dessin-de-jiho/
    Willis (féministe de Tunis) :http://www.sinemensuel.com/dessins/je-suis-charlie-dessin-de-willis/
    Lindingre :http://www.sinemensuel.com/non-classe/le-mot-de-lindingre/
    Kap :http://www.sinemensuel.com/dessins/je-suis-charlie-dessin-de-kap/

     

     Yannis Youlountas, le 7 janvier 2015 :

    DÉSOBÉIR, C’EST VIVRE

    La fusillade qui a fait plusieurs morts à la rédaction de Charlie Hebdo confirme l’atmosphère liberticide qui, sous de multiples formes, menace actuellement la désobéissance, notamment sacrilège et satirique.

    Dans l’hexagone, jour après jour, l’espace se réduit entre, d’une part, des intégristes religieux de tous bords qui descendent dans la rue, les uns après les autres, et menacent diversement nos libertés chèrement conquises et, d’autre part, une extrême-droite qui gagne du terrain et se prétend le rempart contre ce fléau, alors qu’elle est toute aussi nauséabonde et dangereuse.

     La confusion ambiante atteint des sommets et chaque nouvelle étape suggère de choisir entre la peste et le choléra, dans la mise en scène d’une guerre de civilisation complètement imaginaire qui contribue à fabriquer la peur, les préjugés et le repli sur soi.

     Malgré les circonstances, certains prétendent, en France, que l’anticléricalisme et l’antifascisme sont désuets et passés de mode. C’est faire peu de cas de l’Histoire qui nous a montré que les fantômes meurtriers des intégrismes religieux et de la nébuleuse fasciste tentent régulièrement de faire leur retour.

     La laïcité n’est pas un combat d’arrière-garde, ni l’humanisme et l’antiracisme des vieilles lunes au service de quelque pouvoir.
    Ce sont des luttes plus que jamais actuelles, qui sont absolument indissociables de celles qui nous opposent à un gouvernement violent et parfois criminel à l’égard de celles et ceux qui désobéissent sur les ZAD et partout ailleurs à des politiques autoritaires, inégalitaires et destructrices.

     Ces luttes sont plus importantes et complémentaires que jamais. Et la désobéissance ne se négocie pas. Même si elle n’est pas du goût de tout le monde. Car désobéir, c’est vivre. Désobéir, c’est défendre le droit de choisir nos vies par-delà les idéologies mortifères qui nous menacent. Désobéir, c’est défendre la vie, parfois jusqu’à en mourir.

    Même si je ne partageais pas toujours l’humour et les positions de mes confrères de Charlie Hebdo, notamment dans les conflits qui ont opposé certains d’entre eux à mon ami Siné, j’ai une pensée pour toutes les victimes et leurs proches, notamment mon ami Tignous.

    Même décédées, ces personnes restent néanmoins plus vivantes, à travers les décénnies de créations qu’elles nous laissent, que les partisans d’idéologies mortifères qui les ont assassinées.

     Yannis Youlountas


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